Mort de Christophe Gbenye !
Nous venons d’apprendre le décès de l’ancien leader rebelle Christophe Gbenye , dans la nuit du 2 au 3 février 2015 à Kinshasa. Si ce nom ne dit plus grand-chose aux jeunes, nombreux sont ceux dont ce nom rappelle des souvenirs amers. Ancien proche de Patrice Lumumba, Christophe Gbenye avait occupé les fonctions de ministre de l’intérieur au sein du 1er gouvernement du Congo Indépendant. Après l’assassinat de Patrice Lumumba, il s’est retrouvé à la tête de la Rébellion à Kisangani. Ressortissant de Buta comme Nendaka, il fut son beau- frère , avant de devenir son féroce adversaire politique. Selon les informations glanées dans la presse il y a quelques années, son fils avait épousé la fille de l’ancien président Ivorien Félix Houphouët-Boigny. Ne disposant pas assez de temps , nous vous invitons à lire sa biographie réalisée par Ikonga Wetshay de Sankuru Forum ainsi qu’une fiche réalisée par RFI Messager
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Qui était Christophe Gbenye?
Badalengbata Ekopi, le post nom que porte Ch. Gbenye se traduit lebabuale : « on ne peut pas essuyer le front du léopard ». Né à Bagbe en 1927. Il est Ababua originaire du secteur Mobati dans le territoire de Buta. Etudes primaires et moyennes chez les Frères Maristes à Buta. En 1955, il est clerc au service des finances à Stanleyville. Il avait été vice-président du comité de la FGTB fédérale de l’Est, premier bourgmestre adjoint de Stanleyville et directeur du bureau politique du MNC. IL est élu député national sur la liste du MNC/L dans le district du Bas-Uele en mai 1960, devient ministre de l’Intérieur du Gouvernement Lumumba le 30 juin 1960. Revoqué par le président Kasa-Vubu le 5 septembre 1960, il devient ministre de l’Intérieur dans le Gouvernement Gizenga à Stanleyville. Elu président du MNC/L à l’Assemblée extraordinaire du 3 mars 1961 en remplacement de Patrice Lumumba assassiné, il signifie verbalement l’expulsion de Stanleyville des Consuls de la France, de la Grande Bretagne, de l’Allemagne fédérale, de la Hollande et du Danemark. Il semble que cette mesure n’ait pas été exécutée. Par contre les ordonnances d’expulsion contre M. Carbucci, diplomate américain et plusieurs journalistes y compris de l’organe Tass avaient bel et bien été exécutées. Le 15 mai 1961, il prend l’initiative de mettre en résidence surveillée MM. Guestan et Mandi favorables à un rapprochement entre Stanleyville et Léopoldville. Il devient ministre de l’Intérieur du Gouvernement Adoula issue du Conclave de Lovanium le 2 août 1961. Le 3 décembre, il est président national du Comité provisoire du MNC/L. Le 12 décembre 1961, il révoque Nendaka comme Administrateur en chef de la Sûreté, mais celui-ci ne quitte pas ses fonctions. Il est arrêté le 10 octobre 1962 à l’aédrome au retour d’un voyage aux USA sous l’inculpation d’un complot de sécession des provinces de l’Est. Le 11 avril 1963, il est président du MNC/L à Léopoldville, président du bureau politique de coordination des partis nationalistes congolais. Il est revoqué le 1er septembre 1963 du MNC/L par le groupe Kasongo-Lassiry. Il signe le 3 octobre 1963 la prise de position des partis nationalistes lumumbistes constituant le CNL. Il passe à Brazzaville en octobre 1963 pour devenir président du CNL. Accusé de mauvaise gestion des fonds, il est démis de la présidence du MNC/L en février 1964 par Bocheley. IL créé l’aile CNL-Lumumbiste. En août 1964, il quitte Brazzaville pour Bujumbura via Tripoli et Bruxelles où il rencontre Henri Spaak. Il se trouve à la fin août 1964 à Uvira ; arrive à Stanleyville le 3 septembre 1964 et le 5 septembre il devient président de la République populaire du Congo à Stanleyville. Il voyage au Soudan et dans les pays de l’Est africain. IL est au Caire et Alger en janvier 1965. Du 27 avril au 4 mai, il séjourne à Buta, puis à Karthoum en mai, au Caire et Accra. En août, il quitte Karthoum pour l’Ouganda. Le 2 avril 1966, il est expulsé du Kenya, retourne en Ouganda où il se fait l’ami d’Idi Amin, chef de l’armée ougandaise. Il rentre à Kinshasa en décembre 1971 où il vit depuis jusqu’à sa mort ce jour. Ikonga Wetshay (Sankuru Forum)
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C'était un ancien compagnon de l'ancien Premier ministre Patrice Lumumba, mais aussi un chef rebelle que certains qualifient de sanguinaire. Christophe Gbenye, décédé dans la nuit de lundi à mardi, était à la tête de la rébellion de Stanleyville, aujourd'hui Kisangani. La rébellion des Simbas, décrétée après l'assassinat de Patrice Emery Lumumba, avait occupé une grande partie de la RDC au début des années 60. A quiconque voulait connaître son âge, Christophe Gbenye n’avait qu’une réponse : « Je suis né vers 1929. Mon père m’avait déclaré à l’état civil alors que j’avais déjà atteint un certain âge ». Le destin l’avait mis sur la route de Patrice Emery Lumumba, et avec d’autres amis, ils avaient fondé le Mouvement national congolais. En 1960, à l’accession du pays à l’indépendance, Christophe Gbenye fut nommé ministre de l’Intérieur. Après l’arrestation suivie de l’assassinat en 1961 au Katanga du Premier ministre Lumumba, Christophe Gbenye et d’autres partisans du Premier ministre décidèrent de gagner Stanleyville, aujourd'hui Kisangani, ville d’où ils avaient décrété la République populaire du Congo dont Christophe Gbenye fut le président. Cette rébellion Simba avait occupé une grande partie du territoire congolais, jusqu’à son écrasement en 1964. Ce fut alors l’exil pour Christophe Gbenye. A la faveur d’une amnistie décrétée par le président Mobutu, lui et ses autres compagnons purent regagner le pays vers les années 70. Devenu homme d’affaires, l’ancien rebelle a continué à diriger le Mouvement national congolais Lumumba, jusqu’à sa disparition. RFI
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