"Maningo mwana Maniema" tristement balancé sur les ondes de la Voix du Zaïre le 18 mars 1978
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L’attitude du major Kalume, durant la lecture de la sentence de mort.
A l’aube du 18 mars 1978, le temps semble s’arrêter au Zaïre. Le pays tout entier est triste. L’atmosphère est lourde. Affublés de la grotesque épithète "terroristes", le major Kalume et ses amis, dont le procès avait défrayé la chronique des semaines durant, viennent d’être passés par les armes après avoir connu d’atroces sévices. Pour justifier ces assassinats, une allocution radiotélévisée est prévue. Le Guide apparaît en treillis et annonce lui-même les exécutions : « Désormais, je le déclare solennellement, je serai sans pitié contre toutes tentatives de ce genre. Je n’accepterai plus que, sous prétexte de sauvegarder les Droits de l’Homme, on multiplie les interventions pour amener l’État Zaïrois à ne pas faire subir aux criminels de cette espèce le châtiment qu’ils méritent (…). Les peines capitales qui viennent d’être exécutées doivent demeurer un exemple pour tout ce monde. C’est à ce seul prix que la paix et la protection des personnes et des biens pourraient être sauvegardées, ce tribut sera désormais payé en toutes circonstances ».
A l’issue de l’allocution du Président-Fondateur et en guise de défi, la chanson "Maningo, mwana Maniema" du TP OK Jazz est balancée toute la journée sur les ondes du plus grand tam-tam d’Afrique. La tyrannie venait de faire main basse sur l´art d´Orphée. Grâce à cette chanson, le dictateur retrouve les ressources et l’arrogance pour répondre à tous ceux qui le défient et convoitent son fauteuil. Le 18 mars 1978 est entré dans l’histoire de la République comme une date sombre, celle qui a vu mourir après une longue agonie treize de ses fils catalogués parmi les plus éminents de l’armée et de la société civile. Sombre date, morne journée, triste événement.
Samuel Malonga |