LES BEMBE DU KIVU EN RDC
Moi je suis un pasteur de la tribu Bembe de la RDC intéressé par votre web site .je voulais demander si vous pourriez me parler sur l`origine des Bembes de la RDC Car J`entends souvent certaines personnes qui disent qu`ils sont soit anamongo car leur langue ne ressemble pas du tout a d`autres peuples qui les entourent comme les fulero ,vira ,shi ; et d`autres vont plus loin jusqu`a dire qu`ils seraient même juifs .Quel est la réalité selon vous ? vote réponse svp . Merci Rév . Kalambi Kiza Faustin |
Nous répondons à cette première question sur les origines d’une ethnie de l’Est de la RDC pour compléter ce que notre site a déjà réalisé sur nos ethnies.
Dans la mesure où la question du révérend pasteur Faustin Kalambi est axée sur les origines des Bembe, et sur leur appartenance linguistique par rapport aux tribus voisines, nous allons essayer d’y répondre en nous référant à quelques informations glanées ça et là et sur notre propre site.
Comme de coutume, il convient de situer d’abord géographiquement et historiquement les Bembe du Kivu en RDC.
En effet selon des écrits concordants, c’est vers 3500 AV-J-C que les Bembe ou les Babembe immigrèrent du Nord vers les Sud du Continent en quatre directions situées actuellement dans quatre pays différents : l’Est de la RDC dans la zone de Fizi ; la région de Bouenza dans l’actuelle République du Congo/Brazzaville ; la Tanzanie ; et en Angola. Si les Bembe de la RDC et de la Tanzanie sont patrilinéaires, ceux de la République du Congo/Brazza et d’Angola sont régis par le régime matrilinéaire.
Historiquement, les Babembe de la RDC auraient immigré en compagnie des Barega avec lesquels ils sont apparentés du Nord-Est avant de s’installer dans l’Itombwe d’où ils se seraient séparés plus tard. Leur sœur Bangu qui se serait mariée au Maniema serait la mère des Bangubangu.
Le premier État des Bembe est créé vers 500 Ap. J-C sous le nom de Éssé ou Ébalo ya Bembe dans l’actuel Territoire de Fizi, au Sud de la province du Kivu, le long du Lac Tanganyika. Dès le 15 avril 1926, et en 1931 cet espace devint le Territoire (Zone) des Bembe. En 1937, ce territoire fut divisé en cinq secteurs administratifs ci-après : Ngandja, Mutambala, Tanganika, Lulenge, et Itomwe.
En RDC, la Zone de Fizi dans laquelle les Babembe constituent une tribu majoritaire fut réputée pour sa résistance au pouvoir central de Kinshasa. Pendant plusieurs années, cette Zone qui avait longtemps hébergé les maquisards de Laurent Kabila a échappé au contrôle du gouvernement légal de la RDC. Même après la prise du pouvoir par l’AFDL, les Babembe vont encore s’illustrer à travers la bravoure des « Mayi-Mayi » contre l’occupation de cette partie du territoire par les étrangers.
Ouvrons une parenthèse ici pour signaler que conformément à l’article de notre ami Ndombasi Kupesa Ngombo, publié sur notre site le 21 janvier 2012 sous le titre « Les Bakongo de l’Angola : Les Babembe », le peuple Bembe d’Angola qui tire les mêmes origines que les Bembe du Kivu en RDC affichent la même bravoure et la même combativité.
Voici textuellement ce qu’écrit Ndombasi Kupesa Ngombo dans son article du 21 janvier 2012 sur notre site : « Historiquement, les Bambembe est un peuple Kongo guerrier par excellence. Ils ont longtemps résisté contre les occupants portugais. En juin 1912, les habitants des villages de Kivuenga et pemba avaient refusé de payer les impôts aux autorités coloniales et s’étaient rebellés. Ils parvinrent à attaquer la forteresse de Bembe. La bataille dura plusieurs mois, avant d’être défaits par les soldats portugais, commandés par le lieutenant-colonel Ferreira dos Santos »
La municipalité de Bembe en Angola
Ce rappel signifie qu’un peuple peut immigrer, se scinder en différents groupes installés sur des territoires éloignés, parler des langues différentes, mais garder la même âme, le même esprit. D’où ce rapprochement entre la résistance des Babembe du Kivu en RDC et des Bambembe d’Angola.
Revenons au deuxième volet de la question du révérend pasteur Faustin Kalambi qui s’étonne du fait que le Kibembe ne ressemble pas aux langues voisines : « Fulero », « Vira », et « Shi ».
Nous pensons que l’évocation du contexte historique de peuple Bembe fournit un des éléments de la réponse à cette question.
En fait, nous basant sur la carte ethnique du Kivu, nous remarquons les Wagenia, les Lengola, les Metoko, les Songola, les Langa, les Ngengele, les Tetela, les Binja, les Bangubangu, les Boyo, les Bembe, et les Nyintu, font partie de la famille linguistique D. Tandis que Les Nande, les Nyanga, les Hunde, les Havu, les Shi, les Fulero parmi lesquels se trouvent les Vira et les Hundi font partie de la famille linguistique J.
Donc, vous avec compris, notre cher révérend pasteur Faustin Kalambi que les Bembe ne se trouvant pas dans la même famille que les « Fulero », les « Vira » et les « Shi », ne peuvent pas se ressembler linguistiquement.
Enfin, nous aimerions ajouter que l’emplacement géographique des ethnies en RDC et presque partout en Afrique est le résultat des combats acharnés menés jadis contre les voisins. C’est ainsi que l’on trouve des tribus relativement peu peuplées occupant des espaces énormes, et des tribus très peuplées confinées dans des portions très réduites. Même le pouvoir colonial n’a pas réussi à modifier cet état des choses. L’emplacement des ethnies en RDC n'a pas bougé d’un centimètre. Donc, les tribus frontalières peuvent être considérées comme des garants de l'intégrité territoriale et par ricochet de véritables « garde-frontières », contre l’occupation étrangère. Aucune tribu ne tolérera jamais qu’un autre peuple puisse s’installer durablement sur son espace chèrement conquis par ses ancêtres.
Messager
Nous répondons à cette première question sur les origines d’une ethnie de l’Est de la RDC pour compléter ce que notre site a déjà réalisé sur nos ethnies.
Dans la mesure où la question du révérend pasteur Faustin Kalambi est axée sur les origines des Bembe, et sur leur appartenance linguistique par rapport aux tribus voisines, nous allons essayer d’y répondre en nous référant à quelques informations glanées ça et là et sur notre propre site.
Comme de coutume, il convient de situer d’abord géographiquement et historiquement les Bembe du Kivu en RDC.
En effet selon des écrits concordants, c’est vers 3500 AV-J-C que les Bembe ou les Babembe immigrèrent du Nord vers les Sud du Continent en quatre directions situées actuellement dans quatre pays différents : l’Est de la RDC dans la zone de Fizi ; la région de Bouenza dans l’actuelle République du Congo/Brazzaville ; la Tanzanie ; et en Angola. Si les Bembe de la RDC et de la Tanzanie sont patrilinéaires, ceux de la République du Congo/Brazza et d’Angola sont régis par le régime matrilinéaire.
Historiquement, les Babembe de la RDC auraient immigré en compagnie des Barega avec lesquels ils sont apparentés du Nord-Est avant de s’installer dans l’Itombwe d’où ils se seraient séparés plus tard. Leur sœur Bangu qui se serait mariée au Maniema serait la mère des Bangubangu.
Le premier État des Bembe est créé vers 500 Ap. J-C sous le nom de Éssé ou Ébalo ya Bembe dans l’actuel Territoire de Fizi, au Sud de la province du Kivu, le long du Lac Tanganyika. Dès le 15 avril 1926, et en 1931 cet espace devint le Territoire (Zone) des Bembe. En 1937, ce territoire fut divisé en cinq secteurs administratifs ci-après : Ngandja, Mutambala, Tanganika, Lulenge, et Itomwe.
En RDC, la Zone de Fizi dans laquelle les Babembe constituent une tribu majoritaire fut réputée pour sa résistance au pouvoir central de Kinshasa. Pendant plusieurs années, cette Zone qui avait longtemps hébergé les maquisards de Laurent Kabila a échappé au contrôle du gouvernement légal de la RDC. Même après la prise du pouvoir par l’AFDL, les Babembe vont encore s’illustrer à travers la bravoure des « Mayi-Mayi » contre l’occupation de cette partie du territoire par les étrangers.
Ouvrons une parenthèse ici pour signaler que conformément à l’article de notre ami Ndombasi Kupesa Ngombo, publié sur notre site le 21 janvier 2012 sous le titre « Les Bakongo de l’Angola : Les Babembe », le peuple Bembe d’Angola qui tire les mêmes origines que les Bembe du Kivu en RDC affichent la même bravoure et la même combativité.
Voici textuellement ce qu’écrit Ndombasi Kupesa Ngombo dans son article du 21 janvier 2012 sur notre site : « Historiquement, les Bambembe est un peuple Kongo guerrier par excellence. Ils ont longtemps résisté contre les occupants portugais. En juin 1912, les habitants des villages de Kivuenga et pemba avaient refusé de payer les impôts aux autorités coloniales et s’étaient rebellés. Ils parvinrent à attaquer la forteresse de Bembe. La bataille dura plusieurs mois, avant d’être défaits par les soldats portugais, commandés par le lieutenant-colonel Ferreira dos Santos »
La municipalité de Bembe en Angola
Ce rappel signifie qu’un peuple peut immigrer, se scinder en différents groupes installés sur des territoires éloignés, parler des langues différentes, mais garder la même âme, le même esprit. D’où ce rapprochement entre la résistance des Babembe du Kivu en RDC et des Bambembe d’Angola.
Revenons au deuxième volet de la question du révérend pasteur Faustin Kalambi qui s’étonne du fait que le Kibembe ne ressemble pas aux langues voisines : « Fulero », « Vira », et « Shi ».
Nous pensons que l’évocation du contexte historique de peuple Bembe fournit un des éléments de la réponse à cette question.
En fait, nous basant sur la carte ethnique du Kivu, nous remarquons les Wagenia, les Lengola, les Metoko, les Songola, les Langa, les Ngengele, les Tetela, les Binja, les Bangubangu, les Boyo, les Bembe, et les Nyintu, font partie de la famille linguistique D. Tandis que Les Nande, les Nyanga, les Hunde, les Havu, les Shi, les Fulero parmi lesquels se trouvent les Vira et les Hundi font partie de la famille linguistique J.
Donc, vous avec compris, notre cher révérend pasteur Faustin Kalambi que les Bembe ne se trouvant pas dans la même famille que les « Fulero », les « Vira » et les « Shi », ne peuvent pas se ressembler linguistiquement.
Enfin, nous aimerions ajouter que l’emplacement géographique des ethnies en RDC et presque partout en Afrique est le résultat des combats acharnés menés jadis contre les voisins. C’est ainsi que l’on trouve des tribus relativement peu peuplées occupant des espaces énormes, et des tribus très peuplées confinées dans des zones très réduites. Même le pouvoir colonial n’a pas réussi à modifier d’un centimètre l’emplacement des ethnies en RDC. Ainsi, les tribus frontalières peuvent être considérées comme étant des véritables « garde-frontières », contre l’occupation étrangère, à l’instar de l’action des « Mayi-Mayi ». Aucune tribu ne tolérera jamais qu’un autre peuple puisse s’installer sur son espace chèrement conquis par ses ancêtres.
Messager