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Portraits de dix légendes de la boxe congolaise

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Portraits de dix légendes de la boxe congolaise

 

Le noble art a connu ses heures de gloire à Kinshasa et à Lubumbashi dans les années 60-70. C’est surtout dans ces deux villes que se sont épanouis des pugilistes qui ont joué un rôle clé dans l’épanouissement de la boxe congolaise. Dans la capitale, ces petits dieux du ring qui ont pour nom Sinda, Django Makiese, Mamba Jupiter, Billy Suze fixent rendez-vous avec le public au parc de la révolution. Cinq ans avant les footballeurs, le boxeur Nzanzala remporte une médaille de bronze aux Jeux de l’Amitié à Dakar en 1963, à une époque où la fédération de boxe n’existe pas encore. Le noble art et le cyclisme rivalisent avec le foot au vu de l’engouement qu’ils créent. De l’amateurisme, beaucoup font le pari du professionnalisme non sans succès. Par manque de mécènes, les candidats professionnels émigrent en Occident. Beaucoup se naturalisent pour faciliter la suite de leur carrière. Hommage vibrant à Ngunza Kibale pour son travail d’encadrement en amont. Ce découvreur de talents a entraîné et formé plusieurs de ces jeunes amoureux du noble art. Parmi ces pugilistes, nous avons choisi dix noms classés selon l’année de naissance. Droit d’aînesse oblige !  

 

 

  1. Jean Tshikuna

Tshikuna alias Tshikens est né à Lubumbashi le 1er août 1944. Il se distingue dans la catégorie des mi-lourds. Il est le premier boxeur Congolais à devenir professionnel et à évoluer en Europe sous contrat. Installé à Bruxelles, il entre dans l’enfer du professionnalisme le 11 décembre 1965. Son premier combat est un échec. Il le perd par KO devant le Belge Julien van Mechelen au troisième round. La carrière de Tshikens se passe essentiellement en Europe. Il n’oublie pas ses origines. Quelques combats sont organisés à Kinshasa. Ils se soldent par des victoires. Jean Tshikuna connaît une carrière en dents de scie. Sur le total de ses combats, le résultat est mitigé. Il compte plus de défaites que de victoires. Pire, la fin de son parcours est jalonnée des contre-performances. Le Congolais perd les 24 derniers matchs de sa carrière. Il raccroche à 33 ans. Jean Tshikuna détient encore jusqu’aujourd’hui le record du nombre des combats disputés par un pugiliste professionnel congolais. Réside à Bruxelles. Naturalisé Belge.

Carrière : 1965 - 1977

Combats : 80 (13 victoires dont 5 par KO, 9 nuls, 58 défaites dont 9 KO)

Rounds : 576

Palmarès : http://boxrec.com/boxer/23536

 


2.   César Sinda Makela

Sinda alias Tigre a fait la pluie et le beau temps lors des combats organisés au Parc de la révolution à Kinshasa. Champion du Congo des poids légers, il fait parler de lui sur le plan africain lors de la 4e édition des championnats d’Afrique de boxe amateur à Lusaka. Après avoir terrassé tous ses adversaires, Sinda remporte la médaille d’or des poids légers en battant en finale le Nigérian Jonathan Dele. Il est sacré champion d´Afrique en 1967. C’est l’unique médaille congolaise dans ce tournoi. La victoire de Tigre est très importante car elle permet à la RDC de participer pour la première fois aux JO de Mexico en 1968. Mais vite, le champion s’envole pour les USA. Selon certaines sources, Sinda aurait été champion de New York voire même vice-champion des États-Unis dans sa catégorie. Devenu professionnel, il s’installe à Los Angeles en Californie. Sinda rate son début le 5 juin 1970 à Mexico. Il est défait par le Mexicain Aurelio Muniz qui le bat par KO. L’enfant terrible de Matete réputé fin danseur dans le ring, termine sa carrière pro comme il l’a commencée. Il perd son dernier duel par KO. Le Tigre de la boxe congolaise a le mérite d’avoir battu et mis fin à la carrière du Cubain Sugar Ramos, champion du monde en 1963. C’est aussi sa dernière victoire. Au pays de la boxe, César n’a reçu ni titre majeur ni consécration suprême. Il quitte au contraire le ring après neuf défaites successives. Lorsqu’il prend sa retraite sportive en 1975, il rentre au pays. Sinda n’est pas seulement connu comme pugiliste mais aussi comme illustrateur. Il est le premier dessinateur de la revue Gento Oyé, l’ancêtre de Jeunes pour Jeunes. Réside à Kinshasa dans la commune de Matete.

Carrière : 1970 - 1975

Combats : 21 (7 victoires dont 3 par KO, 2 nuls, 12 défaites dont 9 KO)

Rounds : 135

Palmarès : http://boxrec.com/boxer/31720

 

       

  1. François Mamba Shako

Mamba est né dans une famille des boxeurs. Le jumeau voit le jour à Kinshasa le 24 mars 1947. Selon l’émission Bas les masques, il commence la boxe à 9 ans. A 15 ans, il livre son premier combat au parc De Boeck (actuel parc de la Révolution). Il le gagne par KO. Entraîné par son aîné Mamba Jupiter, il est vite surnommé Dactylo car il boxe à la manière de Mohamed Ali. Le double champion du Congo passe professionnel en 1973 et s’installe à Luxembourg. Si son premier combat est une défaite, la suite est une série des victoires. Il est deux fois champion d’Afrique des poids moyens en 1974 d’abord à Lomé contre le Ghanéen Joe Oke, puis deux ans plus tard à Kinshasa contre le Sénégalais Idrissa Konaté. Mamba gagne ses deux consécrations africaines par KO. En décembre 1977 à Lagos, il met  son titre en jeu mais perd la partie aux points. C’est surtout son duel contre-nature contre le Malien Ba Sounkalo en décembre 1975 qui défraie la chronique sportive congolaise et africaine. Lui, le poids moyen est obligé de croiser les gants à un mi-lourd à Dakar. Tout au long de la partie, on note une nette domination de Dactylo. Le combat se termine par une grosse controverse. Les spécialistes du noble crient à l’injustice. Mamba se contente du titre consolant de vice-champion d’Afrique des mi-lourds. Pendant sa carrière, il n’a pas oublié Kinshasa où il a gagné tous les cinq duels qu’il y a livrés. En tenant compte de sa victoire aux points sur Billy Suze, qui manque dans le palmarès ci-dessous, Mamba a livré au total 25 combats pros et compte 18 victoires à son actif.  Réside à Kinshasa. Naturalisé Luxembourgeois?

Carrière : 1973 – 1978

Combats : 25 (18 victoires dont 13 KO, 1 nul, 6 défaites dont 1 KO)

Rounds : 169

Palmarès : http://boxrec.com/boxer/26790

 

 

  1. Kasongo Billy Suze

Billy combat dans la catégorie des mi-lourds. Il débute sa carrière professionnelle en janvier 1973. Au contraire des ses compatriotes qui avaient élu domicile en Occident, Suze installe son quartier général à Kinshasa. Son combat à Lubumbashi avec son ami le Malien Bakayoko Sounkalo est un échec. Billy manque par cette occasion de devenir champion d’Afrique des mi-lourds. Du reste, il est moins prolifique que ses autres compatriotes. Il ne livre que 6 combats dont 4 victoires qu’il gagne par KO et 2 défaites. Le 20 septembre 1975, le mi-lourd Suze se fait surprendre par le poids moyen Mamba Shako. Le Dactylo de la boxe congolaise emporte ce combat congolo-congolais aux points dans un duel prévu pour 10 rounds. Dans ce cas, Kasongo a livré 7 combats. Billy Suze a connu une très courte carrière. Il est décédé à Kinshasa le 14 mai 2011.

Carrière : 1973 - 1974

Combats : 7 (4 victoires par KO, 0 nul, 3 défaites dont 1 KO)

Rounds : 36

Palmarès : http://boxrec.com/boxer/26444

 

 

  1. Clément Tshinza

Tshinza est né à Kinshasa le 21 janvier 1948. Il passe pro en 1971 dans la catégorie des super welters. L’agenda de l’année 1977 est chargé car il livre pas moins de neuf combats. Les titres africains et européens ne lui sourient pas. En mars 1983 alors qu’il est au terme de sa carrière, il tente vainement à Kinshasa de conquérir le titre vacant de l’ABU (African Boxing Union). Il trébuche devant son compatriote Beltchika qui le bat aux points à la 12e reprise. Deux mois plus tard à Sheffield, il tente à nouveau sa chance. Aux prises avec Herol Graham pour le titre européen, le Britannique l’emporte par KO au 2e round. Clément Tshinza n’a jamais été champion et a toujours été un éternel second. Ce boxeur prolifique a pourtant failli de peu égaler le record détenu par Jean Tshikuna. Réside à Luxembourg. Naturalisé Luxembourgeois.

Carrière : 1971 -1983.

Combats : 77 (50 victoires dont 23 KO, 6 nuls, 21 défaites dont 5 KO)

Rounds : 542

Palmarès : http://boxrec.com/boxer/16624

 

 

  1. Jo Kimpuani

Kimpuani est né le10 0ctobre 1949 à Luzubi dans l’actuelle province du Kwilu. Ce pugiliste qui a failli devenir prêtre dans sa jeunesse est parmi les meilleurs sportifs que compte notre pays. Champion du Congo chez les amateurs, Jo débarque à Dunkerque en septembre 1971 avec sa petite famille. Cette ville du nord est à l’époque l’un des temples de la boxe française. Il est vite apprivoisé par André Vercoutter, son professeur et second père. Le palmarès de Kimpuani est une évidence : une fois champion d’Afrique, trois fois de France, trois fois d’Europe, deux fois vice-champion du monde des super-légers et des welters. Le combat le plus important de sa vie est celui qu’il livre le 30 décembre 1977 en Thaïlande à Chanthaburi près de la frontière cambodgienne. Le championnat du monde (WBC) des super-légers l’oppose au redoutable détenteur de la ceinture mondiale, le Thaïlandais Saensak Muangsurin, dix fois champion du monde. Kimpuani donne du fil à retordre au tenant du titre qu’il envoie deux fois au tapis. Mais lorsque le Thaïlandais se relève pour la deuxième fois, il donne un coup de  doigt dans l’œil du Congolais à la 14e reprise dans un combat prévu en 15 rounds. Blessé, Jo est contraint à l’abandon. Le vice-champion du monde ne cache pas sa déception à l’égard des autorités zaïroises qui n’ont même pas daigné lui envoyer un drapeau. Il dispute  à nouveau le titre mondial à Détroit le 12 juin 1981 contre l’Américain Saoul Mamby, sans succès. Du 6 novembre 1971 au 18 novembre 1983, l’ancien séminariste est le meilleur boxeur du team Vercoutter. A en croire l’interview qu’il accorde au journal La Voix du Nord en 2011, Kimpuani, fierté de Dunkerque, revendique 76 combats professionnels disputés, avec 71 victoires dont 60 avant la limite. Réside à Dunkerque. Naturalisé Français en 1979.

Carrière : 1971 - 1983 

Combats : 65 (60 victoires dont 37 KO, 5 défaites dont 3 KO)  

Rounds : 370              

Palmarès: http://boxrec.com/boxer/18713

 

  1. Odon Beltchika Molotchika

Celui qu’on appelle  affectueusement "Mutoto wa muzungu" à cause de  sa peau claire, est né le 22 septembre 1952 à Moba (à l’époque Baudouinville). Son père est relégué par les autorités coloniales dans cette ville pour activisme politique. A Kinshasa, le jeune Beltchika qui a passé ses études primaires en Belgique s’affirme bon pugiliste. Amateur, il est sacré champion du Congo puis d’Afrique dans la catégorie des moyens. De tous ses entraîneurs, c’est le grand Ngunza Kibale qui le transforme et qui fait de lui la foudre des rings kinois. Lorsque la perspective du professionnalisme se présente, il s’envole pour le Grand-duché de Luxembourg comme son illustre aîné Mamba Shako. Mais le sportif est attaché à la terre de ses ancêtres car il dispute plus de la moitié de ses combats à Kinshasa. En 1983, il livre coup sur coup trois rencontres dont deux avec titre continental en jeu. En mars, Beltchika est sacré champion d’Afrique des moyens en battant son compatriote Clément Tshinza aux points. Son duel trois mois plus tard à Kinshasa avec Hunter Clay fait couler beaucoup d’encre. Odon est copieusement tabassé par son adversaire, mais il tient bon jusqu’à la fin. A la surprise générale, le jury le déclare vainqueur. Il est sacré champion d’Afrique des super welters au détriment du Nigérian. Le vainqueur n’a pas le temps de savourer sa victoire ni de jouir de sa ceinture. Défiguré, il est transporté d’urgence à l’hôpital Mama Yemo. Beltchika ne se remettra jamais des coups reçus. Les séquelles de cette terrible soirée minent sa santé et finissent par l’emporter. La finale contestée est le dernier duel de sa carrière. Mutoto wa muzungu  tire sa révérence le 12 mai 1998.

Carrière : 1977 - 1983

Combats : 15 (10 victoires dont 1KO, 1 nul, 4 défaites aux points)

Rounds : 121

Palmarès: http://boxrec.com/boxer/27884

 

 

  1. Dan Mputu 

Mputu voit le jour le 15 août 1954 à Kinshasa. Il est un des grands noms de la boxe congolaise. Il séduit le public du Parc de la Révolution par sa classe et son style qui met en déroute ses adversaires. En juin 1972, il participe au championnat d´Afrique au Kenya. Il est battu en finale et se contente de la médaille d´argent de vice-champion d’Afrique dans la catégorie des plumes. L’aventure du professionnalisme l’emmène tout droit à Dunkerque où il s’installe. Dans cette ville du nord de la France, Dan rejoint son ami et compatriote Jo Kimpuani. Les deux copains font partie du team André Vercoutter. Ils y forment une équipe de rêve. Mputu dispute la plupart de ses combats à Dunkerque. Le médaillé d’argent de Nairobi est malheureusement décédé. Naturalisé Français.

Carrière : 1976 - 1982

Combats : 33 (26 victoires dont 14 KO, 0 nul et 7 défaites dont 3 KO)

Rounds : 185

Palmarès : http://boxrec.com/index.php/boxer/32047

 

 

  1. Antoine Mousse Kasongo Mukandjo

Né le 22 novembre 1954 à Lubumbashi, Mousse fait la pluie et le beau temps au pays. Il est champion du Zaïre des poids welters puis des moyens car il navigue entre les deux catégories. Il passe pro en 1977 et s’installe à Genève. 1988 est une année morte. Il ne dispute aucun combat. Malgré cette inactivité, il tente en 1989 le titre de champion d’Afrique des moyens. Il échoue devant Hunter Clay qui le bat par KO au second round d’un combat prévu en 12 reprises. Huit longues années durant, Kasongo est loin des rings. Entre 1990 et 1998, Moukandjo ne dispute que deux combats qui se soldent par des victoires. La ville de Kinshasa ne lui sourit pas. Le Suisse d’adoption perd toutes les rencontres organisées dans la capitale dont celle contre Beltchika qui le bat en mai 1981. Bien que pugiliste, Moukandjo ouvre un centre d’arts martiaux à Genève dans le quartier de la Servette. Il meurt le 31 décembre 2004. Naturalisé Suisse.

Carrière : 1977 - 1998

Combats : 47 (30 victoires dont 19 KO, 2 nuls, 15 défaites dont 7 KO)

Rounds : 261

Palmarès: http://boxrec.com/boxer/3020

 

  1.    Sumbu Kalambay

 

Sumbu voit le jour le 10 avril 1956 à Lubumbashi. Élève de l’entraîneur Ngunza Kibale, ce boxeur doué promis à un bel avenir émigre en Italie dans sa jeunesse. Chez les amateurs dans la catégorie des moyens, il a 95 combats au  compteur dont 90 succès et 5 défaites seulement. Surnommé Patrizio, Sumbu passe professionnel en 1980. Il est une fois champion d’Italie mais trois fois champion d’Europe. En octobre 1987, il est sacré champion du monde après s’être emparé du titre vacant de la WBA. Kalambay garde sa ceinture pendant trois bonnes années. En 1993, l’idole de l’Italie met un terme à sa carrière professionnelle. Maître incontesté de sa catégorie, la revue KO Magazine le place à la sixième place des meilleurs poids moyens des années 80. Avec son palmarès prestigieux fleuris par des titres conquis en Italie, en Europe et dans le monde, Sumbu Kalambay est parmi les boxeurs congolais les mieux titrés. Réside à Ancona. Naturalisé Italien.

Carrière : 1980 - 1993

Combats : 64 (57 victoires dont 33 KO, 1 nul, 6 défaites dont 1 KO)

Rounds : 425

Palmarès : http://boxrec.com/boxer/1012

 

 

Aujourd´hui encore, la boxe congolaise continue son bonhomme de chemin. Poursuivant avec fougue le chemin déjà tracé par les aînés, la jeune génération donne une nouvelle impulsion au noble art. Sur le plan national, les amateurs s’affirment et se confirment avec la volonté et la conviction d’être au-dessus du lot bien que travaillant dans des conditions difficiles. Chez les pros, de nouveaux noms émergent, des talents éclosent, des ceintures sont gagnées par les exilés de la boxe congolaise en Occident. Seul bémol, le manque d’intérêt des pouvoirs publics qui ne reconnaissent pas les grands pugilistes d’autrefois. Le gouvernement ne fait rien pour le développement du noble art qui avec la lutte est le seul sport qui a donné des titres mondiaux au Congo.

Samuel Malonga


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