La disparition de SHABA KAHAMBA, l'illustre bassiste congolais. Son parcours et ses obsèques.
La nouvelle est tombée le lundi 18 Avril 2016 à 07 heure du matin. Terrassé par un mal qui le rongeait depuis, Shaba Kahamba est décédé en Hollande où il s'était installé depuis 1997.
Ce bassiste virtuose a été l'un des principaux musiciens qui ont accompagné l'Afrisa du Seigneur Tabu Ley au cours de ses années de gloire 80/90 et lors de ses tournées triomphales aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique.
Personnage fondamental de la rumba moderne, Shaba Kahamba est peut-être bien, tout simplement un des bassistes le plus important de ces trois dernières décennies. Le grand public l'a connu surtout à travers les orchestres Bella Bella et Afrisa International dans lesquels il s'était appliqué avec beaucoup de succès à jouer une musique dont il aimait à plonger dans les sources classiques de la rumba.
Sa conception orchestrale de la basse a été particulièrement féconde dans son exposition des thèmes en accords dans les titres à succès, comme "Pambidomi", "Mea culpa" (Bella-Bella) et "Tezua", "Bomba sekele" (Afrisa)
De son vrai nom Kamba Emmanuel, Shaba Kahamba est né le 1er Août 1947 à Kinshasa. Adolescent doué, et après avoir côtoyé son cousin Michel Basilio chanteur du groupe City Jazz de Kintambo, entre 1962 et 1963, Shaba Kahamba aborde l'année 1964 dans la formation "Vainqueur Jazz" comme percussionniste. Mais, il n'en reste pas là. Il amorce ensuite une évolution personnelle qui le conduit à l'apprentissage de la guitare basse, avant de devenir le titulaire. Puis suivront les groupes Super Bamboula, Tampala, Vox Negro, Los Ndombe entre 1964 - 1969.
1970 - Orchestre Bella Bella. Quand Shaba Kahamba intègre le groupe dès sa création en 1969, non seulement il se lie d'amitié avec les frères Soki, mais, il est déjà reconnu par tous les musiciens comme un maillon important de l'évolution de la guitare basse , au point où il va atteindre auprès du public la notoriété qu'il méritait. Auteur compositeur de qualité, il laisse dans cet orchestre un témoignage très vivant à travers les titres comme : "Horoscope", "Bondeko", "Ndele okozonga", "Betu munyoka", "Made", etc.. avant de quitter le groupe en 1977. Un détour à Brazzaville entre 1977/1978 où il a essayer de transcrire son art dans une grande variété de couleurs et de climats. Puis de retourner à Kinshasa, pour créer son propre groupe dénommé "Shabani". Pas pour longtemps.
1979 - OK JAZZ. De retour de Brazzaville, Shaba Kahamba, qui depuis s'est affirmé comme un bassiste passionnant, imaginatif et techniquement assez armé, n'a pas de mal à se faire une place dans l'OK Jazz. Mais c'est sans compter sur Decca Mpudi et Flavien Makabi qui occupaient déjà le poste. Il quitte l'OK Jazz quelques mois après pour réintégrer l'Orchestre Bella. Juste le temps de rebondir.
1980 - Afrisa International. C'est par la grande porte et avec tous les honneurs que Shaba Kahamba intègre l'Afrisa International en 1980. Une extraordinaire opportunité pour l'auteur compositeur et surtout l'admirable technicien de la basse, capable d'en exploiter toutes les ressources. En effet, dans l'Afrisa , et dans le domaine de la basse, Shaba Kahamba s'est révélé de 1980 à 1993 avec le plus de force. Doté de qualités rythmiques et d'un culot harmonique peu communs, il a sut mettre en valeur ses inventions et faire partager sa jubilation. En treize ans d'Afrisa (jusqu'à l'effondrement du groupe), il a atteint un tel accomplissement qu'on peut tout attendre de lui. On lui doit des merveilleuses oeuvres, comme "Sanza misato", "C'est la vérité", "Loumusu", "L'Amitié", "Bomba sekele", etc...
1997 - Pays-Bas - C'est depuis 1997 que Shaba Kahamba a élu domicile la ville de Kortenhoef en Hollande, où il menait une carrière solo. Il est resté également membre du collectif des anciens musiciens de l'Afrisa, initié par le maestro Dino Vangu. Il nous quitte sans pouvoir finaliser son album-légende (Afrisa/Bella Bella) resté en chantier..
Les obsèques de Shaba Kahamba
Le collectif des anciens musiciens de l'Afrisa International dirigé par le maestro Dino Vangu, ainsi qu'une forte délégation des musiciens congolais de la diaspora, ont accompagné Shaba Kahamba, le samedi 30 Avril 2016 à sa dernière demeure au cimetière NieuweHilversumsweg 70 de la ville de Bussum en Hollande. Signalons également la présence très remarquée de Nes Tabu, Robert Kabesele, Basile Maneka, Eddy Mabungu, Abro Moke, le comédien Mangombo, Modero (représentant les collègues des USA) et le patriarche Jean Bruno Thiam, proche de Tabu Ley.
Clément Ossinondé