Ne pas dépasser la ligne des micros
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J’ai relu l’article du 8 mai 2011 par Mwan’a Mangembo sur http://www.mbokamosika.com/article-choquez-le-defi-gagnant-de-jossart-et-bimi-aux-isifi-73423861.html et dans un des commentaires de l’auteur en réponse à Ya Moti, quelque chose a retenu mon attention. Jossart, dit-on, a imposé cette règle qui interdit à quiconque dans l’attaque-chant (y compris lui-même) de dépasser la ligne des micros. Ce comportement symbolise la starisation d’un des chanteurs et Jossart a lui-même tenu à respecter cette règle jusqu’à ce jour où il est l’incontestable « vieux na biso » au sein de l’orchestre Zaïko Langa-Langa. Qu’est-ce qu’on entend par dépasser la ligne des micros ? Il s’agit de Mbuta Mashakado qui patine et veut démontrer ses talents de danseur-pop devant les autres chanteurs ou d’Evoloko qui se place devant tous les autres chanteurs quand il entonne son Pétrole. Donc il ne s’agit même pas d’une institutionnalisation de la pratique où le micro de Rochereau dans l’African Fiesta National est carrément devant celui de Pépé Ndombe, même quand ce sont seulement les deux qui chantent et que la chanson n’a pas de section entonnée et d’une réponse en chœur par des back-vocals. C’est-à-dire, à mon avis, la structure de la chanson justifie une telle disposition géographique des micros sur le podium. Il y a des chansons où l’un des chanteurs est clairement le « lead-singer » et les autres sont les « back-vocals », et « back » signifie en arrière-plan. Donc, je dirais que dans les orchestres où cette disposition a été adoptée, c’était une façon de dire « Voilà le chef ! ». Vous verrez qu’il y a un clip où Viva la Musica chante Ngonda, et Papa Wemba est devant ba-petits na ye.
Photo de l' African Fiesta National "Le Peuple", extraite "dans les coulisses de la musique congolaise" de Faugus Izeidi
Je ne sais pas comment ça se passe avec les groupes et les artistes du kuduro et hip hop, puisqu’ils font du play-back la plupart du temps. Nous vivons dans un siècle où les gens qui ne seraient pas décrits comme des chanteurs en 1970 ont trouvé leur place dans le monde musical. Parmi d’autres véritables chanteurs individuels qui chantent R&B, tarrachinha, kizomba, semba ou d’autres rythmes, nous avons à signaler chez les femmes Yola Araújo, Ary, Margaritha do Rosário, Patrícia Faria, beaucoup d’autres et Pérola qui en 2005 fut la meilleure chanteuse d’Afrique Australe aux All-African Kora Awards. Parmi les hommes, nous avons Paulo Flores, C4 Pedro, Anselmo Ralph, Puto Português et d’autres. Il y en a tellement que, comme vous voyez, je n’ai pas cité Kyaku Kyadaff qui a interprété Siluvangi wapi accordéon que nous avons écoutée très récemment. La dernière fois que je l’ai vu chanter, il était accompagné par un orchestre (cette fois-ci, le mot portugais n’est pas banda, mais orquestra) avec des violons, des clarinettes et d’autres instruments dits classiques. Les musiciens sont assis, y compris les back-vocals ; le vocalista est debout, seul devant tous.
Pedro