Yebela…
Aujourd’hui, le peuple et le pouvoir se regardent en chiens de faïence. Les rapports qui n’ont réellement jamais existés entre les deux parties séparées par un fossé béant sont marqués par la méfiance réciproque. Les Congolais ne cessent de rappeler à Joseph Kabila depuis le début de l’année que son mandat arrive à son terme le 19 décembre 2016 à 23h59. L’intéressé fait semblant de l’ignorer, d’où le slogan "Yebela" (sache-le) que les Kinois lui lancent sur la face. La police et l’armée ont tué des manifestants non armés, mais muet comme une carpe, le président (sic) n’a rien fait, n’a rien entrepris de concret, n’a rien dit à part un communiqué lapidaire balancé dans les médias. Le pigeon voyageur pour souiller la mémoire de ceux qu’il a fait exécuter devant les caméras du monde entier, s’est même envolé chez le Pape qui l’a reçu dans une tiédeur effroyable. Qu’est-il allé faire au Vatican alors que 80 millions de Congolais ne veulent plus le voir sur le fauteuil présidentiel et demandent sa disparition définitive de la scène politique congolaise? Le Saint-Père lui a sûrement martelé la raison d’être d’un homme d’État, celle de respecter la volonté du peuple et de ne jamais le trahir ni de l’abrutir. Entendra-t-il la voix de la raison devant tant de misère entretenue par sa politique de poker menteur ou continuera-t-il à camper sur ses positions suicidaires? Les deux mois qui nous séparent de la fin de son mandat controversé à la tête de la nation seront décisifs. Devant des politicailleurs-profiteurs qui bafouent le droit des Congolais à jouir des richesses de leur pays, ceux-ci opposent leur détermination au changement et à l’avènement d’un État de droit qui mettra fin à la kabilie.
Les 19 et 20 septembre derniers, les Congolais ont montré leur attachement aux lois qui régissent la république malgré les massacres perpétrés par cette soldatesque sans foi ni loi. Les descendants de Simon Kimbangu n’ont plus peur des balles qui sifflent autour d’eux. "Mayi ya moto etumbaka elamba te" disent-ils avec raison. Jusqu’au 19 décembre, ils continueront leur marche inexorable vers la victoire pour faire respecter la Constitution déniée par les kulunas en cravate qui ont pris le vilain plaisir de marcher sur leur sang et leurs cadavres. Une haute autorité morale de la république, le cardinal Monsengwo, a résumé le vœu de ses compatriotes en ces termes : « Le Congo n'est pas une plantation qu'un président a reçue de son père pour autant décider ce qu'il veut en faire. Un chef de l'État n'est pas indéboulonnable. Le peuple renâcle. On n’a plus besoin d’une dictature. On est dans une république où la corruption n’a plus de limites. Tout est conclu secrètement en avance. On ne peut pas fermer les yeux sur l’enrichissement peu orthodoxe et despotique des gouvernants. On est résigné de voir des politiques qui travaillent mal mais qui veulent durer pour de nombreuses années au pouvoir. On veut la fin de la tyrannie. Le peuple ne demande que du pain, de la liberté et de la justice.»
La RDC n’a pas besoin d’un homme fort c’est-à-dire d’un despote tricheur et dilapidateur des deniers publics, d’un tyran menteur qui va s’éterniser au pouvoir par des subterfuges maffieux ou d’un criminel qui montrera ses limites et son incapacité à gouverner mais sa perspicacité à tuer et à semer la peur tout en maintenant la population dans la misère. Le Congo a besoin des institutions fortes dont le peuple lui-même sera le gardien et le garant pour la pérennisation de l’alternance politique.
Yebela …
Samuel Malonga