André Mori, entraîneur malheureux des Léopards
Lorsque le Hongrois Ferenc Csanadi est évincé après une désastreuse tournée au Brésil, le Français André Mori le remplace. Le nouvel entraîneur est totalement inconnu du grand public. L’homme a pourtant la lourde tâche d’amener les Léopards au Soudan où va se jouer la 7e Coupe d’Afrique des nations. Les fauves congolais, champions d’Afrique deux ans plus tôt, ont la lourde tâche de défendre leur couronne, au mieux de réaliser le doublé.
Qui est André Mori ?
Il voit le jour à Marseille en 1921. Très tôt, il s’affiche footballeur à Cannes alors qu’il n’a que14 ans. Il joue au poste de défenseur. Sa carrière se poursuit ensuite à Béziers, à Alès et à Metz. C’est à 27 ans qu’il joue dans la grande équipe de sa ville natale : l’Olympique de Marseille. Mais il n’y reste qu’une saison (1949-1950) avec à la clé cinq matchs joué. Ce bref passage dans l’OM est le seul point de mire de sa carrière. En 1951, le Marseillais raccroche. A trente ans, Mori met un terme à sa carrière de footballeur.
Entraîneur des Léopards
André Mori est le deuxième entraîneur des Léopards. Un regard sur sa fiche montre qu’il n’a entraîné que des équipes de seconde zone. A l’époque, Lucien Tshimpumpu travaille à Paris comme journaliste sportif. Il prend contact avec le Marseillais et le présente à la Fécofa. Selon Jeune Afrique, le coach aurait été recruté par voie d’annonce !
Le nouvel entraîneur débarque à Kinshasa en 1969. Il imprime sa marque au fildes rencontres. C’est sa sélection qui bat le FC Santos et le roi Pelé par 3-2. C’est encore avec que lui que les Léopards réalisent leur plus large victoire en écrasant la Zambie par 10-1. Ce score fleuve est jusqu’à ce jour jamais égalé.
Devenu responsable technique de l’équipe du Congo, Mori écarte tous les Belgicains de l’épopée de 1968. Dans son équipe éclosent de nouvelles étoiles comme Mampuya Lepère, Likimba, Kalambay, Saïdi, Kakoko, Kalonzo, Mayanga ou Tshinabu. Ancien défenseur, Mori centre sa tactique sur la défensive alors que les équipes congolaises pourvoyeurs des joueurs dans le onze national sont les adeptes d’une conception offensive du jeu. Championne en titre, l’équipe du Congo est qualifiée d’office. Elle affute ses armes par des matchs de préparation pour le grand rendez-vous sportif au Soudan.
L’enfer de Wad Medani
Les Léopards quittent Kinshasa avec la ferme conviction de garder la coupe gagnée deux plus tôt à Addis-Abeba. Ils sont dans le groupe B dans la ville de Wad Medani avec le Ghana (vice-champion), la Guinée et l’Égypte. Le résultat est mitigé : Deux défaites contre le Black Star (2-0) et les Pharaons (1-0). La seule consolation est le nul réalisé face à la Guinée-Conakry (2-2). Au cours de ce match, Kalonzo et Mungamuni ont sauvé l’honneur. Les Léopards sont sortis bons derniers de leur groupe avec un petit point. Éliminés dès le premier tour de la compétition, ils sont rentrés sur la pointe des pieds sans gloire ni trompette.
Le sort de Mori
Après la déconfiture de l’équipe nationale, le sélectionneur s’est attiré les foudres de tout un peuple et a été la cible de tous les critiques. La presse n’a pas été tendre à son égard. Lucien Tshimpumpu n’a pas non plus échappé aux flèches de ses collègues et des Congolais. La Fécofa se débarrassa aussitôt de Mori. Certains disent même que le Marseillais n’a pas perçu son salaire et que des années durant il s’en est plaint. Après la déception congolaise, le coach rentre en France pour y poursuivre sa carrière. Il a été successivement entraîneur d’Aix, Lorient, Ajaccio, FC Yonnais et du CO du Puy. Il est même allé en Algérie au chevet du Sporting Club Affrevillois devenu depuis SKAF, une équipe de division 2. André Mori a tiré sa révérence à Marseille en 2001.
Les Léopards de la campagne soudanaise
Les joueurs suivant ont participé à la 7e édition de la CAN : Robert Kazadi, Likimba, Raymond Bwanga, Pierre Katumba, Albert Mukombo, Joseph Kibonge, Raoul Kidumu, Ernest Mokili, André Kalonzo, Jean Kembo, Emmanuel Kakoko, Léon Mungamuni, Salomon Mange, Philippe Mampuya, Léonard Saïdi, Zacharie Tshibangu, Martin Tshinabu, Raoul Kidumu, Mayanga ?
Samuel Malonga