Chronique des décès de cadres de l'ONU et de diplomates au Congo-Zaïre
L'enterrement de Dag Hammarskjöld en Suéde le 29 septembre 1961.
Le 28 mars 2017, nous avons appris la décourte des corps de deux experts de l'ONU disparus au Kasaï en RDC le 12 mars 2017, en l'occurrence l'Américain Michael Sharp, et la Suédoise Zaïda Catalan.
Pour ceux qui semblent s’en émouvoir outre mesure et qui pensent que ces décès pourraient inquiéter le pouvoir de Kabila, nous voudrions souligner que ce n’est pas le premier décès des agents de l’ONU et des diplomates en RDC.
Ceux qui consultent Mbokamosika ont certainement lu l’article ci-haut référencié, sur le décès en 1961 du Secrétaire général de l’ONU Dag Hammarskjöld et ses 14 collaborateurs dans un accident d’avion, lors d’une mission au Congo.
Le 6 août 1985 sous Mobutu, le célèbre reporter et animateur français Philippe de Dieuleveut disparaissait aux environs d’Inga.
Jeudi 28 janvier 1993 en pleine période des contestations et des pillages au Zaïre de Mobutu, l’ambassadeur de France , Philippe Bernard , est tué par une balle perdue ou téléguidée dans son bureau à Kinshasa. (ci-dessous un article du journal Le soir à ce sujet)
Comme nous l’avons toujours répété, pour comprendre le présent et appréhender l’avenir de la RDC, il faut connaître le passé. À l’origine, la RDC a été considérée comme un vaste espace d’enrichissement des occidentaux, et une mine à ciel ouvert. Seuls des vrais nationistes, prêts à se sacrifier pourront effectivement libérer le pays et mettre fin à cette donne.
Messager
ZAIRE: LES MILITAIRES DECHAINES MORT DE L'AMBASSADEUR DE FRANCE
CORDY,JACQUES
Page 8
Samedi 30 janvier 1993
ZA"IRE: LES MILITAIRES DÉCHA INÉS
Choc en France après la mort mystérieuse de l'ambassadeur à Kinshasa...
PARIS
De notre envoyé spécial
permanent
Atmosphère d'abattement, vendredi, au Quai d'Orsay. La mort tragique, jeudi soir à Kinshasa, de l'ambassadeur de France Philippe Bernard, 61 ans, atteint en pleine poitrine d'une rafale tirée à travers les fenêtres de son bureau au 4e étage, faisait l'objet de toutes les conversations. On la rapprochait d'un autre épisode sanglant qui a endeuillé la diplomatie de ce pays: l'assassinat à Beyrouth, de l'ambassadeur français Delamare, en juin 1981.
Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, l'ambassadeur se trouvait dans son bureau, et observait, rideaux tirés, des affrontements entre militaires. Les bâtiments qui abritent les services de l'ambassade forment un angle sur cette artère, y offrant deux façades.
Peu après la mort de l'ambassadeur, on s'est aperçu qu'au deuxiè-me étage de la seconde façade, un standardiste zaïrois de l'ambassade avait été, lui aussi, tué sur le coup. Alors, balles perdues ou - comme l'a envisagé un moment le ministre de la Défense, M. Joxe - tirs volontaires? Il apparaît en tout cas que certains tirs ont été dirigés vers «toutes les fenêtres qui étaient éclairées». Mais, même dans le cas de tireurs déterminés, ceux-ci savaient-ils qu'il s'agissait du bâtiment de l'ambassade de France? Dans la confusion qui régnait alors à cet endroit, il est très difficile de le déterminer.
La fin dramatique de l'ambassadeur de France est largement commentée par les médias, radios et télévisions, ici, mais aussi en première page du Monde de vendredi soir, journal qui reprend la version des «balles perdues». Une caricature de Plantu, particulièrement cruelle, montre le maréchal Mobutu qui s'écrie: Quelle idée, aussi, de se mettre à la fenêtre!!?. À quoi un soldat zaïrois répond, à l'arrière-plan où l'on voit un corps qui pend, tête et bras dehors, à une fenêtre de l'ambassade de France, tandis qu'un camion rempli d'hommes armés s'éloigne: Il se croyait en démocratie, chef!
Sous le titre «Pourrissement», un éditorial du journal constate: L'armée (zaïroise), une fois de plus, vient d'apposer sa signature sanglante à la lente agonie du régime «mobutiste» (...) Les pillages et les fusillades (...) donnent une idée désastreuse, mais exacte, du degré de pourrissement auquel est arrivé ce pays que l'acharnement d'un homme, le président Mobutu Sese Seko, a privé de boussole...
JACQUES CORDY
(Le Soir)