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Considérations préliminaires sur la traduction du texte d’une chanson : ambigüité et noms propres (Cas de la chanson Léa)

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Considérations préliminaires sur la traduction du texte d’une chanson : ambigüité et noms propres (Cas de la chanson Léa)

 

Je voudrais ajouter quelque chose aux réflexions sur le choix que l’on fera des chansons lingala à traduire en français. Outre les difficultés posées par l’hindoubill et les incantations ésotériques des chansons comme Kaokokokorobo de Papa Wemba que Samuel Malonga nous fait écouter, même demeurant dans la langue courante, on peut citer trois considérations : la connaissance incomplète de la langue de départ, les ambigüités et les noms propres.

 

  1. Langue de départ

Quand on a une connaissance incomplète de la langue de départ, dans ce cas le lingala, on va nécessairement recourir à la traduction littérale d’une expression comme « kosimba lokasa » (toucher la feuille). Je ne sais ce que cette expression signifie. Le niveau de compétence idiomatique, même chez les gens qui connaissent mieux une langue, peut être un facteur de limitation. Je crois que l’expression « kolapa tseleka » signifie « jurer », mais je ne vois ce que le juron vient faire dans le contexte de la chanson « Léa » de Jeannot Bombenga. J’aurai donc besoin d’une correction.

 

  1. Ambigüité

Quand j’ai des difficultés à rendre des expressions comme « mwan’a moto », « mwan’a bato », etc., d’abord je me dis qu’elles sont tout simplement intraduisibles. Mais, je me rends compte que j’aurais plus de ressources si je comprenais sans ambigüité s’il s’agit d’un vocatif ou d’une apposée. Par exemple :

 

Nakosala manso mpo ondima ngai mwan’a moto (Je ferai tout pour que tu m’acceptes, mwan’a moto)

 

Ici, je ne sais pas si mwan’a moto est un vocatif, c’est-à-dire, se référant à la personne à qui l’on parle, ou si l’expression est en apposition avec la personne qui parle. Dans le deuxième cas, j’aurais dit « fils de l’homme », qui est une expression qui existe, bien qu’elle frôle le blasphème, ayant été très utilisée par Jésus de Nazareth en apposition avec lui-même. Puisque l’ambigüité est là, je dois traduire l’expression littéralement par « enfant d’une personne » ou « enfant des gens », qui n’existe pas dans la langue d’arrivée, c'est-à-dire le français. La preuve de ce que je viens de dire, c’est que mwan’a mboka est aussi une expression presqu’intraduisible, mais puisqu’il n’y a pas d’ambigüité (c’est un vocatif), je la rends par « enfant du pays » ou « fille du pays », et j’ai l’impression que c’est déjà plus acceptable.

 

  1. Noms propres

Beaucoup de chansons ne seront pas traduites parce qu’on n’est pas sûr des noms propres qu’on y cite. Par exemple, vous vous rappelez la réaction même des connaisseurs comme Mwenze quand M. Mukendi nous a dit que le gars qui a envoyé ses compliments à partir de Bouaké s’appelait Didier Boni ? Ces quatre syllabes nous empêcheraient d’essayer de traduire la chanson Nakeyi Abidjan, puisqu’on n’était même pas toujours sûr qu’il s’agisse d’un prénom et nom. Si c’était Didier Drogba, on aurait la vie facile. Mais Didier Boni n’est pas un footballeur de renommée internationale et ne nous facilite pas la tâche.

 

PEDRO

  1. Traduction de Léa (Jeannot Bombenga)

 

Aa a Lea                                              (Aa a Léa)

Soki omonisi bolingo                        (Si tu manifestes l’amour)

Nakosala manso po ondima ngai   (Je ferai tout pour que tu m’acceptes)

Mwan’a moto                                    (« Enfant des gens »)

 

Nakolela butu na moyi oo               (Je pleure nuit et jour)

Nakokufa o Lea na nga                    (Je mourrai, ma chère Léa)

 

Soki oboyi ngai                                 (Si tu me refuses)

Nakosimba lokasa                            (Je vais « toucher la feuille »)

To natika mokili oyo ya se              (Ou alors je quitterai cette terre ici-bas)

A Lea, a Nzambe                               (A Léa, Ah! Mon Dieu!)

 

Refrain:

 

Lea na ngai                                        (Ma chère Léa)

Obanzaka ngai mwan’a moto        (Pense à moi « enfant des gens »)

Najali komona pasi e a Lea             (Je suis en train de souffrir, ah Léa)

 

Lea Bibi                                               (Léa, femme bien-aimée)

Manso makoya makoleka               (Tout ce qu’il adviendra va passer)

Ejali bitumbu bya Nzambe              (Ce sont des punitions divines)

Bikosila                                               (Elles finiront par s’en aller)

 

Mwan’a mboka                                 (Enfant du pays)

Sala makoki mpo tozala                   (Fais le nécessaire pour qu’on soit ensemble)

Olapi tseleka ma belle                      (Tu as juré, ma belle)

A Lea                                                    (Ah Léa)


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